Les anciennes oliveraies de Capri sont des réservoirs de biodiversité

A étude des anciens oliviers de Capri a conduit à la découverte de variétés d'oliviers jusqu'alors inconnues et à d'autres informations intéressantes sur l'âge et l'origine des arbres monumentaux poussant sur l'île italienne.

La recherche, publiée dans Scientia Horticulturae par l'Institut des biosciences et des bioressources du Conseil national de recherches (IBBR-CNR) de Pérouse, fait suite à plus d'une décennie de travaux de restauration réalisé par L'Oro di Capri dans les oliveraies abandonnées de la partie ouest de l'île.

"Notre enquête s'est concentrée principalement sur les arbres anciens, selon les indications reçues par le comité technique de l'association", a déclaré Soraya Mousavi, responsable du groupe de recherche. Olive Oil Times. "Nous avons collecté 67 échantillons sur 27 oliviers monumentaux.

Les chercheurs ont collecté des échantillons de la canopée et du porte-greffe. "Nous analysons généralement séparément ces deux parties des arbres anciens pour détecter s’il existe des scénarios de greffe », a déclaré Mousavi.

Cependant, seuls des échantillons de canopée ont été prélevés sur 13 arbres où un petit tronc poussait à partir de la souche d'origine ou où les arbres poussaient comme des arbustes.

L'identification moléculaire a révélé que la plupart des échantillons sont génétiquement identiques à la variété Dritta di Moscufo, originaire de la région des Abruzzes, au centre de l'Italie.

Des greffons ont été trouvés sur deux oliviers dont les canopées appartiennent à la variété, alors que la plupart des arbres se sont avérés multipliés par clonage.

Les génotypes d'un plus petit groupe d'échantillons étaient identiques à la variété Throumbolia, cultivée principalement sur l'île grecque de Crète.

De plus, les profils génétiques d'Itrana, Frantoio et Leccino ont été trouvés dans quelques autres arbres.

"Une découverte intéressante est la détection de 21 génotypes anciens qui se sont révélés uniques après avoir été comparés à 475 cultivars d'oliviers dans le monde », a déclaré Mousavi. "Tout cela se traduit par une diversité génétique considérable sur l’île.

Le matériel végétal a été génotypé à l'aide de marqueurs répétés à séquence unique, largement utilisés pour la caractérisation des cultivars dans la plupart des collections de matériel génétique d'olivier.

Désormais, les génotypes détectés enrichiront la collection IBBR-CNR, qui comprend une base de données de plus de 5,000 10,000 profils génétiques et un référentiel d'ADN d'olive de plus de - - échantillons.

La base de données et le référentiel représentent des points de référence fondamentaux pour les banques de matériel génétique aux niveaux national et international.

"Après avoir trouvé des arbres de la variété Throumbolia, nous avons plongé dans l'histoire de la culture de l'olivier sur l'île pour comprendre comment et quand ces plantes sont arrivées », a déclaré le co-auteur Roberto Mariotti. "Les documents fournis par nos collègues qui étudient l'histoire et l'archéologie de l'île témoignent que la culture de l'olivier était déjà pratiquée il y a 500 ans.

"La présence de Grecs est attestée dès l’Antiquité sur l’île », a-t-il ajouté. "On peut émettre l’hypothèse qu’ils ont introduit et cultivé des variétés qui semblaient intéressantes à l’époque pour le commerce ou à d’autres fins, d’autant plus que la Throumbolia est une variété à gros fruits.

Entre-temps, des arbres appartenant à la variété Dritta ont probablement été introduits sur l'île par des frères du monastère de Moscufo, dans la province de Pescara, dans les Abruzzes.

De plus, les oiseaux pourraient avoir joué un rôle dans la propagation des autres génotypes d’oliviers sur l’île.

"Les oliviers ont été propagés par ceux qui se sont installés sur l'île en apportant avec eux des arbres d'autres endroits et sont nés de graines qui ont été dispersé par les oiseaux, en particulier les migrants », a déclaré le co-auteur Saverio Pandolfi.

"Souvent, en raison de ces facteurs, il est facile de trouver une riche diversité génétique au sein des oliviers répandus sur les îles », a-t-il ajouté. "Les oiseaux prennent les graines ailleurs, les conservent dans leur estomac ou dans leurs cultures [une partie du tube digestif utilisée pour le stockage des aliments avant la digestion] et finissent par les laisser tomber.

"Leur système digestif crée des conditions idéales pour le développement des graines, qui sont ensuite naturellement fécondées et, une fois au sol, germent très rapidement », a poursuivi Pandolfi. "Quelle que soit leur origine, humaine ou aviaire, le caractère unique de ces plantes les rend utiles pour les études à venir.

La datation au radiocarbone estime que 12 arbres monumentaux de l'île ont entre 100 et 900 ans.

C'est la preuve que la culture et la domestication de l'olivier ont duré longtemps avant que les oliveraies ne soient abandonnées au siècle dernier et finalement récupérées par L'Oro di Capri.

"L'identification d'anciens génotypes jusqu'alors inconnus, qui se traduisent par de nouvelles variétés d'olives à notre disposition, est d'une grande utilité lorsqu'il s'agit de trouver des solutions aux défis agricoles mondiaux d'aujourd'hui », a déclaré Mariotti.

"Les caractéristiques qui ont rendu les arbres résistants pendant des centaines d'années dans cet environnement spécifique peuvent être exploitées pour répondre aux problèmes d'aujourd'hui, en accordant une attention particulière au problème urgent de changement climatique, ce qui affecte grandement le rendement des oliviers.

Aujourd'hui, les génotypes uniques trouvés sur l'île peuvent être utilisés dans projets d'élevage à venir. En termes agronomiques, les oliviers pourraient être multipliés et testés pour détecter les stress environnementaux et biologiques.

"Ces arbres représentent en effet un réservoir génétique utile qui peut être utilisé pour lutter contre les maladies nouvelles et émergentes », a déclaré Pandolfi. "Ils ont donc une grande valeur en termes de conservation du matériel génétique.

Dans les conclusions de l'étude, les chercheurs ont souligné la manière dont l'homme a contribué de manière significative à la diminution drastique de la diversité des olives à tous les niveaux, des sous-espèces aux cultivars.

Ils croient donc que c'est maintenant "obligatoire » pour récupérer les restes de génotypes anciens, en commençant par le étude d'oliviers monumentaux et leurs porte-greffes, et de préserver la biodiversité incluse dans les oliveraies anciennes du monde entier.

"Nous ne savons pas grand-chose du comportement agronomique de ces oliviers, et maintenant l'objectif est de comprendre cet aspect », a déclaré Pandolfi. "Il est important de conserver une base de données avec toutes les informations collectées, y compris leur localisation et leurs photos. Cela permettra également de créer un itinéraire oléotouristique le long duquel les visiteurs pourront trouver des informations scientifiquement validées.